Le temps oscillatoire vole à la vitesse d’un oiseau céleste dont je dérobe une plume pour écrire quelques lignes. 

En Uruguay beaucoup comprennent et parlent le portugais, une sorte de pays transitoire offrant un temps d’acclimatation pour celui qui poursuit l’aventure vers le sud. 

Ici les gens me perçoivent comme un fransileiro, mélange de français et brasileiro dans ma manière d’être, de communiquer et d’interagir. 

L’hospitalité se rencontre encore et toujours au long du chemin, mes sacoches passent de cabanes en cabanes, ça tombe bien car la météo est assez capricieuse, pas mal de pluie ces derniers temps et une température assez fraîche, pas de wifi mais ceci n’est qu’un détail, une connexion libre est toujours disponible à proximité des écoles.

La station balnéaire de Paloma aux charmantes maisons en toit de chaume fut ma première étape après Valizas, Diego, argentin voyageant en vélo solex vint à ma rencontre pour partager une belle discussion sur l’intelligence du cœur. Sentir les choses de façon naturelle avec son être et son cœur sans le filtre de l’intellect. Coincé dans le système on vit souvent les choses de manière trop cerebral, cela nous ferait-il oublier notre humanité profonde enfuie sous nos carapaces égocentriques? 

Partage de joie, bonne humeur, large sourire, le cœur sur les lèvres, garé sur le bas côté, un camping-car immatriculé en France, Laila et Patrice traverse le continent américain depuis deux ans et demi dans leur véhicule aménagé, confort grand luxe pour un cycliste dormant souvent sous des toiles de tente.

Chacun sa vitesse de croisière, nous nous retrouvons quelques heures plus tard sur le chemin al Caracol, j’installe mon bivouac à côté de leur maison sur roue jusqu’à la matinée suivante pour passer un moment en compagnie de ce duo méditerranéen fort sympathique. 

Le même jour plus loin sur la route apparaît deux cyclistes français, Isabelle et Bruno, qui pédalent le monde depuis quatorze ans, 170000km et 120 pays, tout est possible lorsqu’on le veut vraiment, le chemin est encore long, toujours plus loin, l’aventure sous mes roues...

La nuit se passera sous la tente à la lisière de la forêt. Au réveil il pleut, tout est déjà mouillé, aujourd’hui il me faudra pédaler plus de 100km sous la pluie pour arriver chez Fernanda, rencontrée au Cabo Polonio, qui m’héberge durant les prochains jours qui s’annoncent pluvieux et tempétueux. Neptunia sera mon point de chute, une petite cabane en bois pour moi, Fernanda travaillant de nuit, une guitare, des chiens qui m’adoptent de suite.

Initiation boulangère et premiers pains artisanaux, lorsque la pluie se calme il est temps de faire une première visite à Montevideo.