Rio Grande, ce matin au feu rouge  je rencontre une dame fort sympathique, elle et son mari sont les heureux propriétaires du garage à l’angle de la rue où ma monture reste en sécurité après une bonne conversation me permettant de  prendre un café sans me soucier du vélo et de ses charges.

À mon retour ils m’indiquent le chemin le plus sûr pour me rendre à Cassino, en passant à proximité du port industriel. Rio Grande qui était à son auge en 2009 lorsque le pôle naval était en pleine activité, a désormais perdu de sa superbe en raison du chômage croissant depuis 2013. Les énormes ponts qui servaient à la construction de plates formes pétrolière sont laissés à l’abandon, le pôle  est tombé en désuétude après 2013 pour deux raisons essentiellement : les affaires de corruption qui ont secouées le PT (parti trabalhista) et la concurrence chinoise avec ses coûts de production imbattables.

Cassino est  aussi connu pour être la plus longue plage de sable ininterrompue au monde, selon les sources sa longueur varie entre 212 et 254 km de long, il est possible de pédaler sur la plage jusqu’à la frontière Uruguayenne lorsque le vent est favorable.

Sur la route un petit magasin pour pièces de moto, j’en profite pour acheter un cache pour le feu arrière que je bricole avec du scotche et des colliers rilsans pour adapter au vélo en remplacement de celui perdu hier quelque part sur la route.

Après une vingtaine de kilomètres j’arrive chez William qui m’héberge via warmshowers pour les jours qui viennent. Il s’avère être un frangin super cool et intéressant, professeur de yoga, passionné d’arts martiaux, cyclo-touriste sur le point de démarrer une nouvelle aventure, pilote de drone 

Durant mon séjour de 15 jours on partagera de nombreux repas et discussion sur les thèmes de la vie, la spiritualité, les nouvelles technologies et leurs dérives et dépendances, le transhumanisme, le colapse du sytème capitaliste, Krishna Murti, notre connection à l’univers et j’en passe.

Will me prête un petit garage-appartement en dessous de chez lui, me reçoit comme si on était ami de longue date, encore une fois il y a peu de mots pour exprimer ma gratitude 🙏 

À Cassino j’ai aussi rencontré Cristhiane, professeur d’art qui me motive pour continuer la photo, João, que je rencontre en conversant dans la rue, un guitariste retraité, fans de jazz avec qui je joue quelques notes. Il me présente Henry descendant d’un père français, bricoleur hors paire, qui travaille sur la modification d’un voilier de haute-mer avec dérive rétractable pour l’adapter au lagon peu profond qui se trouve derrière sa maison. Son atelier, la caverne d’Ali baba!!!

C’est le moment de finalement bricoler et réparer mon phare avec des vrais outils et de faire quelques retouches peintures sur le vélo.

Et puis y a Rita, qui est belle comme un soleil comme disait Brel, une charmante brune longiligne mère de trois enfants et grand-mère gourmande depuis l’âge de 35 ans. Quelle énergie !

Nous visitons Pelotas et la charqueada São José, ancienne production de viande séchée de la région et haut lieux de l’esclavagisme durant un siècle et demi. 

Je me retrouve à nouveau dans les pas de Auguste de Saint-Hilaire qui fut hôte de la charqueada dans la première partie du 19eme siècle, les deux cents ans de son passage seront fêtés l’année prochaine.

Cet aventurier, naturaliste, écrivain décrivait également les terres du sud comme terres du vent.

La France qui était encore reconnu pour son éducation et sa grandeur à cette époque  recevait notamment les progénitures des grands propriétaires et gens de la haute. 

Lorsque les jeunes revenaient avec l’éducation à la française ils étaient perçu comme maniérés voir homosexuel car leurs comportements tranchaient avec les manières rustres des conducteurs de mules ou des gaúchos habitués à vivre au grand air .

Cependant le vieux cliché sur les français qui ne prennent pas de bains a toujours la vie dure bien que ce soit, de mon point de vue , contradictoire avec des gens maniérées et considérées efféminées. C’est probablement de cette époque que vient l’expression « tri bom » utilisé dans le sud et qui ressemble au « très bon » français avec l’accent brésilien.

Au final j’aurai eu beaucoup de pluie pendant ces 15 jours mais cela m’aura permis de reposer mon corps, rattraper le retard du blog, mettre à jour mon travail de photographie et régler de la paperasse administrative. 

Chaque fois que le soleil aura été de la partie j’en aurai profiter pour aller au bout de la jetée secoué par le vent à proximité du port industriel ou pour aller me promener le dimanche sur la plage avec Will pour faire quelques images vu du ciel.

Impressionnante, la quantité de véhicules qui circulent à même la plage, sur certaines portions les voitures sont garés les unes à côté des autres et les gens profitent, barbecue , Chimarrão, jeux de plage , cerfs volant, etc, chacun a sa manière de cette journée aux senteurs estivales. 

Et puis comme toujours vient le moment de mettre les voiles vers le sud, peu de vent en ce mardi et grand ciel bleu, Rita est partie, un dernier brunch avec Will et en avant retour vers la vie nomade. Il est 13h il me faudra parcourir 90km avant de poser ma tente près d’une station essence non sans avoir pu apprécier le superbe coucher de soleil sur le lagon Mirim.

Au bord de la route des centaines de petits rongeurs qui prennent le soleil ou mangent de l’herbe. 

Souvent je les ai entendu dans les herbes mais aujourd’hui avec les fossés inondés ils sont là, à portée de roue, à quelques mètres.

Généralement ils fuient sur mon passage mais parfois les conditions font qu’ils ne perçoivent pas ma présence, ils me laissent alors tout loisir de les observer, étudier et apprécier leurs comportements et attitudes de petits animaux sauvages. Entre êtres sauvages le courant passe de suite ... 😂 

La réserve écologique de Taim me tend les bras ...