Aujourd’hui c’est jour de pluie, il pleut abondamment et le premier col s’avère être une épreuve de force, je n’arrive au sommet qu’après plusieurs pauses, en poussant les parties les plus escarpées de la montée. Sous ma veste de pluie, la chaleur est intense, au bout de quelques kilomètres mes chaussures sont détrempées et mes bras ruissellent un mélange d’eau et de sueur.

Peu m’importe, ce soir je dormirai au sec, les aléas météorologiques n’ont aucune influences sur mon moral et mon état d’esprit.

C'est même parfois plus facile de monter un col lorsque la température est plus clémente, il en est tout autre dans la descente, avec la vitesse les gouttes deviennent un supplice pour les yeux.

Au bout de deux heures, c’est l’heure de la pause déjeuner, je m’arrête pour un plat du jour et un endroit au sec. A mon entrée dans les restaurants les gens me dévisage ahuri, c’est pas la mine des grands jours, détrempé que je suis de la tête au pieds.

Comme disait Jacques Brel : "La vie qui s'en vient - Et qui s'en va - Nous laisse pantois - Comme des chiens..."

Les batteries rechargées, je me remets en route, il me reste 40 kilomètres, les perles de pluie ont laissé place à une fine bruine détectée par mon sens visuel mais imperceptible à mon sens tactile, même mon vêtement de pluie ne m’est plus indispensable.

Devant moi des petits bouts de bleu commencent à prendre place dans la grisaille ambiante et cela me réjouis.


Je finis ainsi le parcours sous la grâce solaire jusqu’à la Riviera de São Lourenço, point de chute et lieux de résidence des prochains jours.

C'est fait, plus de 4500 kilomètres parcourus sur mon vélo paquebot depuis mon départ! La première boucle de cette étape brésilienne est bouclée.

Un peu plus de trois mois après mon premier passage je me retrouve au même endroit fermant ainsi cet aparté triangulaire entre les états de Minas Gerais, Rio de Janeiro et São Paulo.

On pourrait se demander pourquoi je parais être toujours dans la même zone mais rien ne presse dans ce tour du monde, sans itinéraire seules les rencontres et les énergies importent. Si on parle de distance, les deux derniers mois m’ont permis de parcourir une zone plus vaste que la France.

Dans quelques jours je retourne à São Paulo pour régler les détails qui me relient encore à la société administrative et fiscale.