Aujourd’hui c’est la dernière étape, je pensais prendre l’asphalte car la décor montagneux est soi-disant plus jolie mais ce matin je discute avec Chico qui connaît la région depuis les années 60.

Il me convainc, au confort roulant et tumultueux des gens motorisées et pressées je préfèrerai le chemin de la nature, des odeurs de citronnelle, de lavande et des anciens qui savent prendre le temps. Retour donc sur la route royale et comme prévu, dans les montagnes de Cunha, au milieu des sentiers et des cascades je rencontre la paix et la tranquillité qui font grandir l’esprit de quiconque les traverse. 

Au bout de 30 minutes et quelques raidillons mes pores suitent sous le soleil et ma peau brille de mille feux. Au bout d’une heure mes vêtements sont trempés à tel point qu’on pourrait penser que je suis pris d’incontinence. 

Encore une fois le jeu en vaut la chandelle, bercé par le ruissèlement de l’eau et le chant de la rivière je m’approche doucement de la cascade du piment, elle m’apparaît au loin après une montée abrupte que je termine à l’ombre des araucárias. Elle est bruyante et imposante, je prévois de m’y relaxer lorsqu’un grain bien gras vient me cueillir et me force à chercher refuge dans une ancienne usine de production d’énergie abandonnée depuis 1973 qui sert désormais de snack bar tenu par Lidiane et son fils.

Après plus d’une heure de grosses goutes le soleil revient, il me reste au moins 40km à parcourir et il est donc temps de reprendre la route, mais je décide tout de même de me plonger dans cette eau agitée et revigorante.

Le plus dur m’attend mais je ne le sais pas encore. La pluie a laissé les chemins de terre rouge hyper glissants et les roues ont désormais grande peine à adhérer, il me faut souvent pousser les quarante kilogrammes de ma « maigrelette » et espérer des zones avec plus de cailloux pour pouvoir pédaler. J’alterne entre ses deux modes de progression. Le chemin est défoncé, escarpé et glissant, en plein milieu j’y rencontre un groupe d’uruguayens dans un van Volkswagen ce qui me permet de reprendre mon souffle.

En nage, il me faudra presque quatre heures pour parcourir ces premiers 25km. Encore 35km, il est déjà 16h et l’ascension n’est pas terminée mais heureusement je bascule peu de temps après sur l’asphalte pour arriver jusqu’au col. 

Le ciel se charge en nuage noir et l’orage gronde pas très loin mais je réussis à passer entre les gouttes. Il pleut de toute évidence de l’autre côté de la montagne. 

La cascade de Mato Limpo se présente à moi, j’y fait une pause avant les trois derniers kilomètres de montée en tapant la causette avec un couple qui voyage à moto en direction de Trindade.

Je rentre dans la couche nuageuse et passe le col à 1450 mètres d’altitude, je ne pourrais malheureusement profiter de la superbe vue sur Paraty que 950 mètres plus bas.

La descente de dix-huit kilomètres se fera dans le brouillard, sur des pavés mouillés. Ça tape dans les poignets et une de mes sacoches decident d’aller voir ailleurs.

Je ramasse le matos, rien de cassé, je continue la descente encore un moment puis arrive au point final de la route royale à la nuit tombée.

Ça y est! 850 kilomètres après Ouro Preto je termine le vieux chemin de l’or et des pionniers. Point d’or mais que de richesses partagées !

Je vais profiter du week-end aux alentours puis ouvrir la page du littoral en direction de São Paulo.... L’aventure continue ...

Ce soir, je porte un toast à vous les Amis, saveurs liqueur de cachaça banane 🥃🍹🍻