Y a pas le feu, suis pas pressé de décoller.

L'astre solaire darde ses rayons enchanteurs sur ma peau encore trop blanche d'un hiver argentin. Seul au monde, je me trimballe à demi nu, afin de profiter des parages avant de reprendre les douzes travaux d'Hercule qui m'attendent au long du chemin en direction de Puerto Canoa. Pendant ce temps mon compagnon canin harcèle tous les oiseaux sur l'îlot qui me fait face. Martin pêcheurs, cauquens, terotero et une sorte de petit vautour que je n'avais jamais observé auparavant. Pendant qu'il persécute ses congénères du règne animal, j'en profite pour faire une salutation au soleil puis un brin de toilette, mes cheveux ressemble à de la paille,il est grand tps de les laver même à l'eau froide.

Vers 11h30, c'est parti mon kiki, d'entrée il faut porter une partie des affaires puis pousser la monture , exténuant, mes bras n'en peuvent plus, ce n'est que le début.

Par chance le chemin n'est plus tant étriqué, il est possible de pédaler de plus amples portions que les jours précédents. Néanmoins les sentiers n'étant pas entretenus, très vite un tronc couchés, un amoncellement de branches, un franchissement de rivières, une pente trop raide viennent calmer mon enthousiasme. Il faut encore, décharger, porter, pousser. Même en prenant mon temps il faut de la persévérance et de la volonté pour endurer la tâche. Mes bras et jambes sont zébrés par les ronces et écorces accrochés involontairement. Quand j'en peux plus je me pose, fais une micro sieste à même le sol avec le cabot ou laisse tout sur place et explore les rives du lac en contrebas. Que c'est bon de crapahuter léger!

Et puis sur la fin, enfin ça descend, j'avale le dernier km et demi gratuit avec peu d'effort et seulement du pilotage pour ne pas accrocher une racine avec les sacoches.

Encore un franchissement de pont et une dernière montée à porter le matos et se présente "Población Aila" où vit une famille isolé du reste du monde. J'y pose ma tente et négocie un transfert en bateau pour le lendemain, m'evitant les derniers km de trekking avec mon vélo paquebot et prenant l'opportunité de voir le lac Paimun et le volcan d'un point de vue plus nautique. La beauté de cette zone est stupéfiante, surtout en cette période où il n'y a quasi personne hormis quelques pêcheurs. Ramón m'offre des oeufs pour avoir rapporter son border colis qui avait disparu depuis plusieurs jours. Je dîne les pieds dans l'eau face au volcan avec un guiso de lentilles et deux oeufs au plat .