Trekking version guerrier, J2. La nuit porte conseil, ce matin je réorganise mes affaires pour que les sacoches soient moins lourdes et le moins larges possibles afin qu'elles n'accrochent plus trop les plantes et que le vélo soit plus maniable. Je bourre mon petit sac à dos des affaires les plus lourdes et pédalerai avec ce sac sur le dos, ainsi sur les portions où je devrais porter je n'aurai qu'à faire deux aller retour au lieu de trois. Mes chaussures sont encore détrempées de l'escapade de la veille dû aux nombreux passages dans la boue. Pas grave, m'attendant à des conditions similaires, les sandales feront l'affaire pendant que les chaussures sècheront, accroché au sac dédié au camping, par contre aujourd'hui je garde les jambes amovibles du pantalon, hier j'ai pris grave niveau écorchures. Ça commence pas trop mal, ça passe mieux dans le chemin mais très vite des ponts cassés, des franchissement de rivières, des troncs couchés m'obligent à décharger. Chaque fois que je charge le vélo à plein, suis quitte à décharger cent mètres plus loin. Finalement je pars en éclaireur à pied, laisse la moitié des charges et au mieux, réalise le deuxième trajet pédalant sinon en poussant avec les deux sacoches arrières accrochées au bike et un sac à dos. C'est pas trop mal, plus efficace que la veille. Je prends mon temps, continue de tenter reconnaître les différents arbres qui composent la forêt (cohuie, raulí, roble pellín, ñire, michai), m'arrêtant au bord des ruisseaux pour me rafraîchir, tremper les pieds dans l'eau et me reposer. Finalement il me faudra un peu plus de 4h pour parcourir les 4km qui séparent mon lieu de camping, au bord du lac Paimun (un peu + de 12 parcourus). Il est un environ 16h, je décide de chercher un endroit pour camper, laissant toutes les affaires sur place je pars explorer les environs du lac à pied. En arrivant au bord, j'hallucine sur la beauté du lieu, une zone herbeuse parfaite pour accueillir la tente entre de jeunes "raulís" vis à vis une petite île, une rivière sur la gauche à l'embouchure du lac, vue direct sur le cône enneigé de la face sud du volcan Lanin, je ne peux pas rêver mieux. Seul quelques pêcheurs à la mouche ayant accéder en bateau accosté sur l'îlot, profitent de la quiétude de ce lieux magnifique. Je retourne chercher les affaires et m'installe. En revenant chargé je rencontre un pêcheur avec qui je tape la causette, un border colis me surprend en me léchant soudainement la main par derrière. Il ne le lâche plus, il doit être habitué à tourner autour des touristes pour se nourrir, il persécutent deux teroteros sur l'îlot qui accueillent également des cauquens et un Martin pêcheur au chant si caractéristique. Vers 18h, tout le monde est reparti, le dernier pêcheur m'a offert un sacré bout de viande fine qu'il a passé au bbq la veille avec ses potes, un régal, le chien kiffe également. J'en ajoute au curry de lentilles réalisé avec les derniers légumes frais, tomates et champignons déshydratés. La paix est désormais total, je me délecte de mon dîner observant le cône changer de couleur, se couvrir puis se découvrir d'une couche nuageuse. Quel endroit spectaculaire! Plein les yeux, rien que pour cela les deux jours de souffrance en valaient la peine. Le chien, pas avare de bisous et de léchouilles profite également du succulent mets et finit par passer la nuit à côté de la tente. L'heure des braves, après deux jours d'effort intense je me réjouis de retrouver ma couchette dans un lieu pareil.