07h, mon horloge biologique me rappelle qu'il est tps d'aller creuser un puit dans le bosquet. Le soleil pointe le bout de ses rayons mais le vent violent venant d'ouest amène une couche de nuages menaçants. Ça sent la pluie. Deux heures plus tard, alors que je termine de plier les affaires, bingo, la pluie s'invite. La vallée dans laquelle je suis sensé m'engouffrer est désormais complètement bouchée. Je m'abrite en urgence sous le petit couvert des sanitaires du camping pour finir d'empaqueter mes affaires. La pluie et le vent s'intensifie ça paraît mal barré. J'y installe le hamac et continue la lecture du roman John Steinbeck "des souris et des hommes" . Les bourrasques gelées me frigorifient, je fixe tant bien que mal un paravent avec le tapis de sol de la tente et m'enroule dans la couverture de survie, plongé dans le hamac afin de continuer la lecture le plus confortable possible.

14h, tjrs sous l'abri de fortune, j'ai des fourmis dans les jambes, les doigts crispés par le froid, mon corps demande à être en mouvement pour se réchauffer, je me décide à charger la monture et avancer de quelques kilomètres malgré la tourmente, je dois remplir mes réserves d'eau et un ruisseau à 4km me permettra de remplir mes bidons . Le vent redouble d'intensité, la température ayant baissée, ce sont désormais des flocons qui font leur apparition. Je dois encore attendre, je force la petite chaîne de la cabine de douche afin de profiter d'une plus grande protection aux intempéries et finit le livre commencé la veille .

16h ... La tempête de neige et de vent continue mais quelques rayons de soleil font leur apparition, va falloir prendre une décision mais traverser le bois avec autant de vent n'est pas très recommandable.

Une heure plus tard, enfin une accalmie, c'est décidé, je trace et passe la barrière qui signale que la route 62 ainsi que la frontière sont fermées. À partir de ce point je suis tout seul, il n'y aura plus aucun autre véhicule hormis officiel. La route arénacé surplombe le lac Curruhué Chico, malgré quelques dérapages de la route arrière en raison du surpoids, c'est plutôt agréable, le sable noir volcanique est tassé par la pluie, ce serait beaucoup plus usant sur chemin sec avec du sable meuble. Curruhué Chico, la route continue sur les hauteurs dans la forêt, plus je m'enfonce dans le bosquet, plus il devient humide, la végétation est de plus en plus luxuriante, au vert intense. Au bout de d'une bonne heure et demi d'effort, au sommet d'une ascension, soudain un araucaria araucana majestueux se dresse devant moi, il marque de son imposant tronc tout le poid de son ancienneté, c'est le bosquet Peuhen stipulé sur la carte , j'y déambule une bonne demi heure avant de reprendre la route, il va falloir penser à trouver un lieu pour camper car dans une heure il fera nuit et il me reste un sacré bout jusqu'au bout du lac. Évidemment tout n'est pas si simple, il y a du relief, la forêt est de plus en plus humide, le chemin de plus en plus boueux et je comprends pourquoi elle est fermée aux véhicules , sans 4x4 impossible de passer. Les roues s'enfonçant systématiquement dans la boue, c'est le bourbier,le pieds enterrés, poussette dans les montées et pilotage, patinage dans les descentes. L'obscurité s'installe. Au crépuscule dans la forêt on y voit pas grand chose, mais heureusement arrive le bout du lac, je distingue dans la pénombre une belle plage en lisière du bois, ce sera mon spot de camping. Bike posé contre un arbre, frontal allumée, inspection rapide de la zone pour trouver un endroit pas trop détrempée, ni trop sujet aux chutes de branches. J'installe la tente, grignote quelques galettes avec de délicieuses aubergines marinées que m'avait préparé Silvina avant de plonger dans mon sac de couchage pour me réchauffer et retrouver Morphée