Puerto Natales, accostage, débarquement de la monture, quelques coups de pédales dans la ville, puis plantage de tente à la casa Lili où je retrouve Noemie et Chedli, rencontrés sur le ferry. On prend l’apéro pour fêter les bonnes nouvelles du jour en compagnie de Miguel, chilien ayant vécu en France et Jenny, australienne. Ensuite je file retrouver les italiens pour un succulent dîner d’adieu après quelques jours de voyage partagé, fruits de mer, poisson et vin blanc au menu. 

Fin de soirée en compagnie des acolytes de l’apéro dans une brasserie artisanale à chanter a capela dans le patio des classiques colombien avec un verre à pied en office de cloche et le carrelage comme percussion, le tout en sirotant un pisco sour.

Vers 2h du mat’ retour alcoolisé, enlacement de corps sous la tente avant de dormir quelques heures. Au petit matin direction les bureaux de transbordara austral pour acheter un billet de ferry vers Puerto Williams, ville la plus austral au monde, de l’autre côté du canal, au sud de Ushuaia; complet, le plan tombe à l’eau! 

Retour à l’auberge de jeunesse pour manger un morceau et prendre le temps d’une journée de repos.

Finalement en papotant j’apprends que sur place il y a 20 places résidents mises en vente dans les dernières 24h avant la navigation, il est plus de 11h, j’ai un jour et demi pour me taper 250km.

Pliage des affaires, entretien mécanique du vélo et quelques emplettes plus tard, départ en direction du Punta Arena, il est 13h, il va falloir envoyer du lourd...

Le ciel est bleu, chargé de petits nuages blanc cotonneux lui donnant plus de structure, le vent est présent mais en ma faveur la plus part du temps 

Le paysage  rappelle celui de la steppe Argentine, sur le bas côté des fleurs, marguerites, pissenlits, fleurs des champs, blés sauvages pourpre, dorés, végétation rase, des arbustes et de petits arbres, recouvert de lichen, signe d’un air pur. Parfois, par endroit, la prairie est totalement rouge, recouverte de cette herbe dont les moutons se délectent, dans la fraîcheur matinale on y trouve des tons rosés contrastant avec les pâturages plus vert.

Au bout de 5h j’ai déjà envoyé 110km, 3km plus loin je passe la barre des 10000km parcouru m’a depuis mon départ. Petite pause !

La route s’oriente désormais dans le vent et l’histoire change complètement, vent de face ou latéral de front, il faut lutter pour avancer péniblement. 

Soudain un troupeau de guanacos d’une quinzaine d’individus apparaît à quelques mètres, l’un des petits gambade gaiement n’ayant pas encore remarqué ma présence pendant que les adultes m’observent passer avec mon vélo taureau. 

Les deniers kilomètres sont souvent les plus difficiles, fatigue, jambes lourdes, la lumière du jour baisse doucement, les nuages gris s’assombrissent annonciateur de la pluie qui vient accentuer la difficulté de cette fin de journée. Vers 21h un refuge sur le côté de la route, ça tombe bien je suis trempé, déjà 145km parcourus, un russe rencontré la veille y est déjà à moitié endormi, un poêle et du bois vont me permettre de sécher mes affaires.

Trop fatigué pour me cuisiner un bon petit plat, un sandwich d’avocat et quelques haricots noirs réchauffés sur le poêle me serviront d’encas engloutis en s’occupant du feu.

Matelas posé sur une planche de bois, il est temps de prendre quelques heures de repos.

Le russe se lève tôt, du coup je fais de même et profite du  ciel coloré qui rime avec lever de soleil sur la pampa. L’avantage de pédaler tôt dans la matinée c’est que le vent ne s’est pas encore levé. 

Villa Tehuelches n’est qu’à 5 kilomètres, tout est fermé il faudra pédaler les 100km restant avec moins d’un litre d’eau, heureusement il frais, ce sera suffisant.

Des Ñandús, sorte de petite autruche, s’alimentent au bord de la route, elles sont plutôt farouches mais j’arrive tout de même à m’approcher à quelques mètres avant de poursuivre ma progression dans la belle lumière du matin.

J’envoie les 100km et à 13h, 24 heures après mon départ j’ai mon billet en poche, direction Puerto Williams, ville la plus australe au monde, embarquement demain 17h.

Une nuit à Backpackers paradise dans l’intervalle et quelques heures pour flâner dans la ville. À l’auberge des gens cool de tous bords et des israéliens chiants, bruyants et sans respect pour autrui. Visiblement le formatage et lavage cérébrale qu’ils subissent à l’armée fait des dégâts!

Devant être de retour dans la ville dans moins de trois semaines, je me déleste de quelques kilos afin de voyager plus léger.