Ce matin réveille dans la douceur d'un lit douillet à l'école puis ou moins en même temps que le jeunesse qui se prépare à suivre les classes du jour. Invitation à suivre de près le lever du drapeau avec la chanson qui lui convient et une petiote prière, avant de se rendre à la cuisine pour un bon maté accompagné du petit déjeuner, au coin du feu qui crépite dans la cheminée où "la vieja" prépare un "guiso" au poulet pour le déjeuner des enfants. Elle nous conte que les gens du coin savaient déjà depuis deux jours que nous allions arrivé au village, les cavaliers gauchos de passage rapportant notre avancée quotidienne au travers des montagnes. Heureusement que nous avons dormi à l'école, dès la soirée il s'est mis à pleuvoir et aujourd'hui la bruine, puis la pluie et le brouillard donnent à la montagne des allures mystiques. Brin de causette avec l'équipe dévoué à cette belle jeunesse, pure, pas trop pollué par les futilités urbaines. Je profite pour noter sur une feuille toute une série d'accords de guitare à Ricardo, qui a un tel enthousiasme qu'il apprend à vitesse grand V. Le petit jeune me demande combien il me doit pour les leçons... mort de rire ... "Rien mon cher ami, le savoir est exponentiel, c'est un plaisir de partager avec toi."

Encore un moment de conversations chaleureuses, photos et enregistrements videos avec les enseignants et c'est l'heure de partir, l'atmosphère est encore opaque, les gouttelettes en suspension dans l'air ont tendance à se dissiper lentement mais heureusement le rideau de pluie est tombée.

"Adios Amigos et merci pour ce moment privilégié, ce fut un honneur de partager avec vous".

Enfin nous pouvons pédaler, s'en est fini de pousser, ça devenait infernal, d'autant plus que ma monture n'est plus du tout en adéquation avec ce type d'aventure, beaucoup trop lourde, pneus pas assez larges inadaptés à la montagne, à la rocaille, trop de souffrances induites surtout quand je compare avec le vélo de Silvina que je peux aisément mettre sur l'épaule dans les portions de sentier difficile, où il est impossible de pédaler, et ceci même en pleine charge. Avec mon "bike", impossible, même en s'y mettant à deux pour le hisser dans la rocaille on en chie.

Dans cette ambiance brumeuse, les montagnes où se mêlent les tondeuses animales au pelage laineux qui nettoient la prairie en dévalant les versants, les bovins et les équidés, prennent des allures mystiques de contes et légendes.

Après une première ascension dans le brouillard avec quelques arrêts afin de graver dans le marbre numérique ces paysages atmosphériques, vient la descente jusqu'à la rivière Lules A priori facile, tout en pilotage, mais les zones boueuses compliquent la descente, d'autant plus que les freins V-brake mouillés au niveau réactivité et dynamisme, c'est loin d'être le top, en plus avec mes pneu à moitié lisse, c'est encore pire. Il faut slalomer entre les flaque de boue et les zones plus rocailleuses qui me donnent plus d'accroche, ne surtout pas freiner dans la boue ou incliner la monture ou c'est la chute inévitable. Un plongeon à l'a mode handball lorsque cela arrive est recommandé en laissant le vélo derrière.

Planté sur le freins, les poignets prennent chers, ils nous imposent des arrêts fréquents afin de relâcher les avant-bras. Heureusement le paysage brumeux a son charme, un arbre isolé dans les nuages, dont parfois on distingue seulement la silhouette, parfois la brumaille se dissipe et laisse entrevoir les sommets aux alentours, un rayon de soleil perce le voile atmosphérique laissant penser que la brumasse va se lever, et puis cinq petites minutes plus tard nous revoilà plongés au coeur des nuages. Les gouttelettes d'humidité sont partout, sur les plantes dans nos cheveux.

Au milieu de la descente, rencontre avec deux jeunes natifs sur une moto cross, dont la roue avant est quasi à plat, qui picole un Fernet-Coca. Echange de bons procédés, ils empruntent la pompe pour insuffler un vent nouveau dans la roue pendant que nous absorbons de leur breuvage alcoolisé, histoire de nous donner un peu plus de courage pour la suite. Au bout d'une quinzaine de Kilomètre, trois heures et demi après notre départ nous arrivons à la rivière juste après Emilio qui vient de dépasser avec sa moto.

Photo souvenir, encore un brin de causette et vient le moment de traverser le cours d'eau, le courant est puissant, l'eau arrive jusqu'aux genoux mais les vélos restent couvert de boue. De l'autre côté une belle pente nous attends mais auparavant profitons d'un bon encas bien mérité. Dès le début de l'ascension on en chie, ça monte à plus de 10%, soit boueux , soit totalement rocailleux, seules de très faibles portions sont praticables, sinon il faut pousser, le jour avance, le brouillard épais et humide s'installe nouveau et le sommet reste loin. Les réserves d'eau s'amenuisent, on regrette de ne pas avoir suivi le sentier qui longe la rivière qu'il fallait traverser 7 ou 8 fois.

Vers 18h nous croisons un motard, le voisin qui à une maison au bord de la rivière en contrebas. C'est clair nous ne pourrons pas arrivé au sommet avant la tombée de la nuit. Il nous recommande de camper sur la seule zone "plate" de la zone à environs 500m de distance. Ce sera notre lieux de campement pour la nuit, il ne reste plus que deux litres d'eau potable et aucune source é proximité, Ce sera un peu moins d'un litre pour cuisiner (Pâte et soupe aux légumes) et le reste pour l'hydratation.

La pluie fine nous impose un montage rapide de la tente, pondant que Silvina installe le matériel pour dormir, je m'occupe de préparer le diner. Tout est en ordre, l'eau est sur le feu, la soupe chauffe, lorsqu'elle sera en ébullition j'y ajouterai les pâtes.

Soudain, sans prévenir alors que nous bavardons, la gamelle bascule, les trois quart de la flotte et de la soupe arrose le sol détrempé, la loi de Murphy. Désormais il reste un demi litre pour la cuisine et un demi pour l'hydratation. Ça va être juste, dans des cas comme ça, point d'eau pour laver la gamelle ou se brosser les dents, tout la quantité est destinée à la consommation pour se réhydrater.

Nous avalons le diner sous la toile de tente, puis quelques gouttes d'eau dans la cantine pour la rincer, le breuvage est ingurgité et un chiffon fera l'affaire pour laver en gros l'ustensile.

La nuit risque d'être humide, bonne nuit les petits ...