Petit déjeuner dans la tente en attendant que le soleil levant apparaisse et daigne nous montrer le bout de son disque, ainsi réchauffer nos coeurs et décongeler la toile de tente.

Après consultation de la carte, des données gps, examen des différentes options nous avons décidé de réaliser une étape courte afin de se positionner en contrebas, le plus proche possible des deux cols les plus hauts du parcours qui culminent à 4950m d'altitude. L'idée est de les franchir le même jour pour ne pas devoir camper entre les deux cols à 4760m.

Étape courte ne signifie pas forcément étape facile, après une petite mise en jambe sablonneuse en pente douce et le franchissement de la rivière où nous rechargeons nos réservoirs en eau potable, les choses sérieuses commencent.

Il faut remonter une vallée sur un chemin cabossé en phase de dégel qui côtoie une rivière. C'est humide, boueux , parfois congelé et surtout de plus en plus raide, 140m de dénivelé sur moins de un demi kilomètre, puis encore 150m sur environ 2 kilomètres de distance.

Impossible de pédaler évidemment, parfois le vélo s'enfonce dans les plaques de gel, parfois les roues et surtout nos pieds patinent dans la boue ou les flaques.

Chaque jour amène de nouvelles difficultés mais aussi de nouvelles perfections et raffinements naturels. À mesure que nous avançons dans ce raidillon apparaissent les pénitents qui, avec le soleil, rajoutent un flux d'eau de dégel, augmentant ainsi notre sensation de patauger dans un bourbier en poussant nos lourdes montures.

Heureusement le paysage en vaut la chandelle comme toujours, désertique, coloré et contrasté, tout comme les hautes altitudes il nous laisse le souffle court.

Une longue pause méritée au col à 4700m vient récompenser notre dépense énergétique intense.

Ces quelques kilomètres nous ont coûté toute la matinée , il est déjà plus de midi lorsque nous basculons de l'autre côté pour entamer une belle descente jusqu'à 4580m au dessus du niveau de la mer et profiter d'une collation au bord d'une rivière asséchée, protégé du vent par un monticule de minerales de toutes sortes.

Le plus dur de la journée est désormais passé, reste un peu moins de 6 kilomètres pour remonter à 4650m, traverser la dernière rivière, planter la tente et profiter de la fin d'aprèm pour se reposer avant une journée qui s'annonce plus que chargée.

Une fois le campement installé derrière une petite butte qui nous protège du vent, la poche de 10 litres d'eau est posée au soleil.

Pour une fois nous pouvons faire une petite sieste, prendre un peu de temps pour soi et se laver. La Puna est très forte, nous laisse avec un mal de crâne persistant malgré la sieste, d'autant plus que je suis grippé depuis le début de l'aventure.

L'eau est plus que froide mais quel bonheur que de se libérer de cette odeur pesante de sueur qui nous imprègne depuis quelques jours.

Quand il y a peu d'eau à disposition, la dure réalité est que la priorité est donnée à l'alimentation et l'hydratation, alors quand surgit l'opportunité d'un coup de "Karcher" on fonce tête baissée même si l'eau est fraîche ou glacé.

Ce soir pour pas se pendre la tête, le menu est plus que basique et classique en haute montagne, une soupe faisant office de sauce avec de pâtes. Ensuite vient évidemment la préparation du petit déjeuner et du thermos de thé histoire de ne pas galérer au petit matin. Une fois que le soleil passe derrière les montagnes, la froideur des hauteurs envahit la vallée. Vite sous la toile de tente en quête d'un sommeil récupérateur.