Le vent est tombé durant la nuit qui n'a pas été aussi froide que prévue. De sortie à 3h du mat' pour soulager un besoin pressant, j'ai pu observer la voie lactée et un ciel étoilé de toute beauté, notamment en raison de la nouvelle lune. Trop chaud, la Couverture de survie a été retirée au milieu de la nuit. La tente est tout de même gelée au lever du jour.

Ce matin la journée commence sur un plateau sablonneux entouré par les sommets enneigés des volcans les plus hauts du monde. Je roule quasiment sur la jante afin de ne pas m'enfoncer dans le sable.

Après quelques kilomètres déchaussage recommandé pour traverser la rivière gelée cristalline. On en profite pour faire le plein en eau potable.

Deuxième rivière, l'entrée du chemin en direction du lagon vert est par ici. Il faudra revenir ici, en conséquence nous largons nos toutes nos affaires, planquées entre des rochers et pedalons jusqu'au lac avec le minimum nécessaire, nourriture, eau potable et protection solaire.

Une dizaine de km jusqu'à cet endroit incroyable, peu avant d'arriver l'oeil vert de la pacha mama contraste avec la montagne rouge et puis c'est l'arrivée au lac . Show de couleurs, chaque côté est dans des tons différents. Nous marchons jusqu'au la dune pour partager la réfection de midi, au retour tout le paysage se reflète dans le lagon vert, les courbes, la roches noire contrastant avec le sel immaculé, un moment d'une rare beauté.

Chaque jour offre de nouvelles splendeurs qu'il faut aller chercher à la sueur de notre front et de nos coups de pédale.

En revenant près de nos montures, nous en prenons plein les mirettes et voyons plusieurs camionettes apparaitre. Un groupe de touristes vient profiter de la "laguna verde" , faire quelques photos et poursuivre l'excursion du jour. Ils nous filent de l'eau, des sandwichs de viande panée, des sucreries et nous ramènent où nous avions laisser les affaires.

10km gratuit ça fait toujours plaisir d'autant plus que la journée n'est pas finie, il faut encore envoyé du lourd.

Montures rechargées, c'est le moment de s'enfoncer dans une vallée escarpée aux tons rouge orangés, traverser, retraverser des dizaine de fois la rivière gelée. Retirer les chaussures puis les enfiler à nouveau et recommencer le processus encore et encore.

Le vent devient de plus en plus violent et l'aprem avance plus vite que prévu, Silvina est à la traîne, je suis obligé de jouer avec son égo pour qu'elle avance plus vite sinon nous ne pourrons pas boucler l'étape du jour, d'autant plus que le premier point marqué pour camper n'est pas praticable. Il faut encore mettre un coup de collier et une quinzaine de bornes avec vent de face, rivières, pousser dans la boue , dans les graviers avec une vitesse de progression plus que lente, d'autant plus que toute l'aprèm est en montée constante. Les rafales deviennent de plus en plus forte, les nuages noirs remplissent le ciel, la neige commence à tomber et toujours aucun endroit susceptible d'accueillir la tente à l'abri des bourrasques.

Des employés de la mine nous donne des vivres et nous indique un lieu mais c'est très loin, un ancien campement minier devrait servir de refuge néanmoins après le passage de la dernière rivière gelée, rien... Ça sent pas bon, il ne reste pas beaucoup de temps avant la nuit, la tempête gronde, nous sommes exténués.

Comme d'habitude je suis devant en éclaireur, soudain dans une bute, une pelleteuse de la compagnie minière a arraché une portion de terre, qui nous donne des murs de trois côtés .

C'est pas très plat mais ça fera l'affaire car cela nous offre un abri relativement bon contre le vent. J'installe la tente et commence à cuisiner. Surprise du jour, nous trouvons du bois à 4400m, laissé par les travailleurs de la mine et nous nous permettons le luxe d'un feu de camp plus que bienvenu. La tempête se calme enfin, le coucher de soleil illumine désormais les sommets colorés autour de nous.

La nuit sera difficile en raison d'une énorme pierre au milieu du dos mais nous avons éviter le pire et avons pu profité d'un peu de repos mérité.