Réveil au petit matin, ingestion du petit déjeuner préparé la veille, en profitant des rayons bienfaiteur de l'astre solaire. La nuit a été fraîche, heureusement le refuge a rempli sa fonction et les mouvements des petites souris n'ont pas dérangé plus que tant.

Il est encore tôt, nous en profitons pour marcher jusqu'à la laguna Brava et en prendre pleins les yeux .

Pas un pète de vent, les montagnes se reflètent parfaitement dans le lac où une colonie de flamant occupe les eaux, disséminée dans tous les sens en petits groupes. Sur une ou deux pates ils plongent leur bec dans l'eau à la recherche de nourriture, eux aussi se reflètent majestueusement, symétrie naturelle offerte gracieusement par la pacha mama.

La berge du lac est un terrain spongieux qui n'a pas encore dégelé, on en profite pour se rapprocher doucement, sans bruit, de ces superbes volatiles aux tons rosé qui de coutume sont très farouches. Pour une fois ils nous laisse nous approcher, les observer à une distance plus que inattendue. Petit à petit, sentant que nous ne sommes pas un danger pour leur espèce, ils reprennent leur activité comme si de rien n'était.

Trois mini-volcans rouges sont à proximités, en fait ce sont des geiser d'où sortent de l'eau bouillonnante, mais froide.

Avec les montagnes en arrière plan, c'est grandiose.

On pourrait rester là des heures mais afin de ne pas trop souffrir du vent il faut déjà retourner vers le refuge pour préparer nos vélos et prendre la route. En chemin plusieurs vigognes passent a proximité, jaugeant notre dangerosité potentielle avant qu'apparaissent carrément une colonie qui brouttent des touffes d'herbes jaunes.

Il est quasi 11h lorsque nous commençons à pédaler sur de l'asphalte sans avoir vraiment consulter le plan, alors comme des cons on suit la route et on se retrouve à Mulas Muertas, une ancienne exploitation minière abandonnée avec une côte bien raide pour y accéder. Quelques km dans le vent pour un retour aux abords de la laguna Brava, retrouver la Ruta 76 qui longe le lac en direction de Vinchina. Adieu l'asphalte et bonjour la gravier en taule ondulé pour la prochaine vingtaine de kilomètres.

Au niveau du lac c'est très humides, les roues s'enfoncent, ça s'améliore en montant mais les poignets prennent très chers avec les vibrations incessantes.

Nous passons deux dos d'ânes énormes avec une centaine de mètres de dénivelé puis c'est la montée vers le derniers col avant de commencer à descendre. Au milieu nous croisons l'unique véhicule entre aperçu durant la dernière semaine. Le guide Ramon, super cool, il nous témoigne son admiration pour avoir effectué cette traversée à cette époque plus que difficile en raison des parties encore gelées et des pénitents. Malgré son statut de guide il ne l'a jamais réalisé.

On en chie jusqu'au col, le sol rouge gondolé avec en fond le Cerro Bonete recouvert de neige sont grandioses. Photo souvenir devant le panneau annonçant la descente. L'itinéraire initial prévue était de suivre la laguna Brava jusqu'à Guandacol mais les aléas du périples nous ont fait changer d'avis .

Nous voilà prêt à dégringoler la route 76 dans la vallée du Peñon jusqu'à refuge du même nom, que nous a indiqué Ramon.

En entrant dans cette vallée on a l'impression de pénétrer dans un paysage de conte de fées tant la vallée est colorée.

Le nord de l'Argentine fait la promotion de la montagne des 7 couleurs mais cette vallée en offre beaucoup plus, indécent de beauté, indescriptible par quelques mots, tant surprenant, tant magique.

Ramon nous disait que les américains de la zone du grand canyon qui venait par ici remarquait que la région n'avait rien à envier au fameux canyon. Il y a tellement de couleurs qu'on pourrait se demande quel minéral n'y est finalement pas représenté.

Une heure de descente contemplative à pédaler dans un paysage fantasmagorique de fable imaginaire, jamais j'aurai pu penser voir autant de couleurs dans une vallée.

Des vigognes brouttent au milieu d'une zone verte et jaune avec de la roche rouge flamboyante au dessus.

Une palette de couleur dont tout peintre rêverait...

Un peu plus bas, des falaises, nous nous arrêtons pour manger un morceau au milieu de sédiments pétrifiés sculpté par les intempéries. Nos amis motorisés apparaissent à nouveau, on tape le bout de gras, Ramón nous passe d'autres infos sur la region, ses clients nous offrent des fruits frais avec un paquet de bonbons. Encore un effort et nous arrivons au refuge del Peñon, construit en 1873.

Il fût utiliser par les muletiers au siècle passé pour se protéger des intempéries et du climat rude de la route des taureaux qu'empruntaient les vachiers pour mener les troupeaux jusqu'au Chili.

Altitude 3612m, c'est la première depuis une dizaine de jours que nous passons la nuit sous les 4000m.

Au alentours c'est coloré, une montagne noire en forme rhinocéros, un autre côté rosé, des herbes jaunes, etc, le refuge est super bien équipé, il y a même une cheminée, un énorme banc, une table.


Exploration d'une petite vallée parallèle pour ramasser du bois, ce soir c'est grand luxe, cuisine au feu de bois dans la cheminée.

On tire les deux poubelles hors du refuge afin d'inciter les souris habituées à y chercher de la nourriture à effectuer leurs recherches en pleine air.

Une plaque de fer fait office de porte pour couper le vent. Encore une fois le refuge a l'entrée en forme de coquille d'escargot pour couper le vent, typique de la région.

Ça fait un moment qu'on n'a pas vu un refuge aussi bien entretenu, on profite du feu jusqu'à épuisement de la réserve de bois vers minuit.

Couverture de survie sur le sol, fini le mal de l'altitude, fini le moins 15°, la nuit est douce, bonne nuit les petits.