La meilleure nuit depuis le début de l'aventure sur la route des 6000, ça fait du bien un vrai lit avec un bon matelas et un sommier.

Pas de vent, je sors l'alcool pour chauffer de l'eau et cuisiner l'avoine avec les fruits secs. On traine un peu histoire de profiter notre asile douanier.

Remise en place comme si de rien n'était et vers 10h c'est le moment de démarrer la journée de pédalage.

De toute évidence nous ne sommes pas les seuls à utiliser les dortoirs, il y avait un parpaing devant la fenêtre afin de faciliter l'entrée.

Ça commence fort, direct 350m de dénivelé sur un peu plus de 5km avec tout de même des petits bouts d'asphalte mais surtout du gravier.

Bien évidemment aux alentours de 4400m d'altitude un banc de pénitents bloque la route mais cette fois un petit chemin alternatif est disponible juste à côté. C'est le moment de faire une bonne pause avant d'attaquer le reste de la montée jusqu'au prochain col.

Ça monte, ça monte encore, mais heureusement Aujourd'hui c'est de l'asphalte alors c'est tout de suite plus facile. Sur les hauteurs le relief ondulé et la pampa colorée accompagne notre avancée jusque vers 13h30, heure choisi pour la pause déjeuner. Comme lors des derniers jours le matin est assez tranquille au niveau du vent, le ciel est bleu avec quelques nuages puis avec l'après-midi qui avance le temps se gâte.

Une chape de plomb envahit le ciel, les bourrasques de face s'intensifient et bien évidemment on se les bouffe de face pour corser l'histoire.

Par contre au niveau photo et paysage ça donne des choses impressionnantes, chaque fois que les conditions sont dantesques c'est garantie: pleins les yeux!

Les formes cotonneuses te font marcher l'imagination à fond les balais, les sommets couverts de nuages sombres donnent une tonalité dramatique au parcours du jour.

Au bout de 29km on arrive au refuge Veladero, on y fait une pause pour décider de la suite des évènements. Y a du bois une couche de neige au milieu du refuge mais le vent est tellement fort qu'il nous est nécessaire de couper un moment.

Encore une douzaine de kilomètres jusqu'au prochain refuge non loin de la laguna Brava. Ça devrait prendre un peu plus d'une heure en raison du vent de face. C'est reparti on remet une couche.

Dur, dur, le vent est toujours plus violent.

Arrivée non loin de la laguna Brava, la lumière devient spectaculaire mettant en valeur le paysage coloré agrémenté de touffes d'herbe jaune et de végétation verte sur un sol au tons rouge avec les nuages noirs en arrière plan recouvrant les sommets.

Je mitraille la zone pendant que Silvina continue d'avancer.

Je la rejoins à l'entrée du chemin en gravier qui mène au refuge "el destapado" à 4330m d'altitude. La légende conte qu'en ce lieu se meurt de froid un muletier ou plutôt un cowboy, puisqu'il menait des vaches, qui fut enterré à côté du refuge.

Se refusant à une sépulture, le squelette se découvre tout seul lorsqu'il est recouvert de pierre.

Nous saluons notre hôte pour la nuit et nous installons à même le sol sur la couverture de survie. Point de bois, l'etat du refuge est moins bon que le précédent, mais on fera avec. C'est sombre, une petite fenêtre laisse passer un énorme courant d'air (on l'a bouche durant la nuit ), l'entrée est en colimaçon pour couper le vent.

Le dîner est cuisiné grâce à l'alcool , avec la fatigue on ne tarde pas à se mettre au lit.

Au milieu de la nuit, sortie obligée pour assouvir un besoin pressant, la voûte céleste étincellent, les constellations resplendissent de mille feux. J'en profite mais sans plus car le sol est gelé. Aucun problème de mon côté avec le fantôme du destapado , Silvina quant à elle me conte au petit matin qu'elle sentait une présence et que quelqu'un la touchait dans le dos pendant la nuit alors qu'elle dormait sur le dos. C'était pas moi !!!