Mise en route tranquille car la nuit a été rude. Histoire de pédaler plus léger je laisse le poids de mes sacoches à un des berger au bord du lac, Martin, qui passe tout l'été en altitude à garder les animaux.

Marian décide d'aller en stop jusqu'aux thermes "del Sosneado", un ancien hôtel de luxe des années 50, désormais abandonné et en ruine, situé à une trentaine de km d'où s'ecrasa le 13 Octobre 1972 un avion transportant une équipe de rugby uruguayenne. Les survivant durent recourir à des pratiques cannibales pour s'en sortir. Netflix ayant diffusé un film récemment sur le sujet, les touristes abondent désormais dans la zone pour monter jusqu'à la carcasse de l'avion.

Pour ma part, je vais seulement jusqu'à l'hôtel en pédalant, le chemin est exigeant pour ne pas changer, le vent de face évidemment, mais plus je remonte la rivière Atuel, plus le spectacle est majestueux. La vallée se resserrant, les sommets verticales et minérales colorés en imposent de plus en plus.

Le chemin montagneux est en très mauvaise état, il est difficile de pédaler, certaines portions sont plus que pénibles.

Au bout d'un moment Marian me double en compagnie de Daniel et Viviane qui l'ont ramassé en passant. Ils me libèrent du poids de mon sac à dos, histoire de me faciliter un peu l'ascension mais m'enlèvent par la même occasion toute ressource énergétique pour la suite de mes tours de braqués.

Mon esprit vagabonde dans la dualité, par moment j'en chie tellement que j'en viens à regretter de ne pas avoir fait su stop mais de l'autre côté je me dis que je suis sorti de Lorraine tourner mes jambes au vent justement pour ce type de beautés naturelles, époustouflantes, imposantes, façonnées par les intempéries et mère nature, magnifiées par la luminosité changeante à chaque instant et les angles de vues variés que m'impose ma lente progression. Des grottes et cavernes invitent à l'exploration.

La frontière du Chili étant toute proche, le trajet me rappelle par certains égards à la "caratera australe".

Rouxy, mon camarade canidé de la veille m'emboite le pas et m'accompagne durant tout le parcours.

Plus on pénètre les vallées isolées de la cordillère, plus les chemins sont harassant, exigeant, astreignant, mais comme toujours le jeu en vaut la chandelle, ce sont souvent les lieux les plus magiques que l'on découvre au bout de l'effort.

Après plus de deux heures d'effort j'arrive à l'hôtel abandonné, affamé. Marian m'attend en tapant la causette avec ces compagnons du jour. Trois piscine thermales aux relent de souffre invitent à l'immersion. je fais le tour des lieux, en bavardant comme toujours avec les gens que je rencontre. L'Argentine est un pays très social, les gens papotent volontiers, quasi systématiquement.

La cuisson du déjeuner suit son cours, soupe de lentilles et riz. Après être rassasié, vient le temps de la relaxation et des ablutions aux effluves d'oeufs pourris.

Dernières photos souvenirs avec Daniel et Viviane et rencontre par la même occasion avec un autre couple Ricardo et Patricia qui finalement nous proposent de nous ramener en chargeant le bike à l'arrière de leur pick up flambant neuf.

Aucune plan ne résiste à la vie réelle, pour des raisons de commodité, de facilité je n'explorerai pas les ruines de l'hôtel à la recherche d'un joli cliché. Le chemin du retour se fera sans effort, malheureusement je dois laisser Rouxy derrière moi, qui me jette un regard désabusé.

Ricardo me propose un passage rapide par l'hôtel (c'est mieux que rien :-)) avant de nous emmener jusqu'à la laguna del Sosneado".

Retour le cul posé dans un pick up à bavarder avec Ricardo et Patricia.