La rivière Aluminé était appelée par les peuples originels « marmite brillante » en raison des reflets solaires sur l’eau turquoise. Le soleil gagne du terrain sur l’ombre pendant que j’allume le feu. Petit déjeuner aux œufs brouillés avant de plier les tentes, juste au moment où le vent décide de souffler de toutes ces forces. Retour sur la route de gravier jusqu’aux falaises de Picadero, ancien site de peinture rupestres des chasseurs de la zone aux environ de 700-800 après Jesus Christ, un site d’observation et d’élaboration de matériaux lithique, des formations rocheuses aux formes géométriques aléatoires sculptées par le temps et l’érosion. Le panorama sur les méandres de la rivière est fantastique, le vent incite les condors à jouer dans le vent, là sous nos yeux, mère nature nous gratifie de cette belle énergie pure pour commencer la journée.

Le vent est de plus en plus violent, nous suivons le lit de la rivière, le paysage est sauvage, préservé des désastres de la modernité malheureusement plus pour longtemps, la construction de la route asphaltée est en cours. Un côté de la rivière est plus protégé du vent, verdoyant à souhait, quelques mansions de gens friquées occupent les espaces. Le chemin d’accès paraît invisible. De l’autre côté c’est plus sec, la poussière de la route danse dans le vent, elle roule, tourne et tourbillonne. Après plusieurs jours sans une bonne douche, séance lavage, complet, bain d’eau plus que froide au bord de la rivière avant de passer par la petite ville d’Aluminé. La route 23 suit le cours de l’eau jusqu’à l’embranchement de la route 13, l’embouchure avec la rivière Pulmary, le paysage évolue encore, les Araucarias, sortes de pins préhistoriques commencent à envahir le paysage, le vent violent secoue tout être vivant, seuls les troncs puissant et les branches massives des araucarias demeurent imperturbables dans les bourrasques. Passage par le site de Pulmary où des peintures rupestres décorent encore le sommet des amoncèlements de roches qui culminent à une cinquantaine de mètres au dessus du sol. Le panorama sur la zone est superbe, le vent est tellement fort qu’il lève les eaux du lac pour les envoyer valdinguer dans les airs. On dirait le vent zonda qui emmène tout sur son passage. On décide donc de continuer jusqu’au canyon du ruisseau Cucúm, en espérant y être plus protégé des rafales. Au sommet des falaises nous observent, imperturbables, les auraicarias, majestueux. Le ciel s’assombrit avec la nuit qui s’appproche , je me hâte à monter les tentes, faire le feu et cuisiner le dîner. Les premières gouttes arrivent avec la tombée de la nuit, la pluie ne s’arrêtera plus durant les treize prochaines heures. Au petit matin j’ai un bon centimètre d’eau dans la tente. Nous démontons en urgence, tout est trempé, direction Villa Pehuenia pour prendre un café et décider de la suite du périple. En route il faut passer deux petits cols, à mesure que nous montons le manteaux blanc neigeux saupoudrent puis recouvrent complètement le paysage, sur les hauteurs on y voit plus rien, les flocons et le brouillard. C’est le dernier jour de l’été et il neige, heureusement la route est en gravier, ce qui évite le risque de patinage car la voiture n’est pas équipé de pneus neige. Plus bas la visibilité est meilleurs, apparaissent de hautes cascades gorgées des eaux de la tourmente. Redescendre vers le lac Aluminé, à Villa Pehuenia, la visibilité est nulle, opération café pour s’éclaircir les idées. On décide de poursuivre vers le nord. Au départ, le temps s’ouvre un peu, quelques sommets enneigés apparaissent dans le paysage j’en profite pour emmener les meufs au point panoramique, histoire de prendre conscience du lieux et de ses similarités avec Bariloche. Villa Pehuenia est vraiment un site qui mérite plusieurs jours, voir plusieurs semaines de visite, mais c’est comme ça, aucun plan ne résiste à la réalité! C’ est reparti… j’avale encore des km, encore une route que j’avais prise à vélo deux ans auparavant. Direction Copahue.