Depuis la station Maciambu jusqu’à Araçatuba, ce sont 34km sur la BR-101 en passant par Sorocaba. Ça me fait penser à Jorge, compagnon de route originaire de Sorocaba mais dans l’état de São Paulo. C’est fou le nombre de ville qui porte le même nom dans des états différents. 

A la sortie de la BR je traverse le lagon de Ibiraquera et me dirige vers praia do Rosa pour y passer la nuit dans un hostel de surfeur que l’on m’a recommandé. 

Au Brésil on appelle hostel, une auberge avec des dortoirs, sanitaires et cuisine en commun. 

Le lendemain au réveil il pleut des cornes, l’auberge paraît déserte en raison d’une fête dans un bar tout proche durant la nuit, je me prépare un bon petit déjeuner et réfléchis aux options du jour. Une bonne nouvelle tombe du ciel, Evandro me passe le contact d’une parente qui vit à praia do ferrugem, un autre endroit qui vaut le détour mais qui se trouve plus au nord à une vingtaine de km. Elaine qui est la cousine de Marisa, maman d’Evandro, me convie au déjeuner et m’offrira le gîte pour la nuit. 

Je remballe mes affaires et quitte l’hostel pour pédaler dans sa direction refaisant une partie de mon trajet de la veille. Seul petit détail, je n’ai pas payé ma nuit et il n’y a personne dans les environs, j’enverrai un message au propriétaire plus tard dans la journée.

J’ai un peu sous estimé le trajet, il me sera difficile d’arriver pour le déjeuner, je cherche le condomínio caminho do rei, le chemin du roi. 

En arrivant près de ma destination au sommet d’une colline je rencontre deux cyclotouristes super sympa Helen et Letícia, de Curitiba qui parcourent la région pendant les vacances. Elle kiffent mon bike et mon siège pour éviter les pressions sur le périnée. L’une d’elles est technicienne vélo, elle s’est fabriquée des paniers arrières avec des pots de peinture, le tout soutenu avec de vieilles chambres à air. Créatif et Super intelligent.


Elle m’indique un chemin privée splendide qu’elles me conseillent de suivre lorsque je redescendrai vers le sud. Il est bientôt 14h et je suis attendu pour le déjeuner je dois laisser ces deux belles personnes derrière moi, comme par enchantement en levant la tête pendant notre discussion je me suis rendu compte que la plaque du condomínio sur le côté de la route indique ma destination. Il me reste une montée abrupte tout en pavée avec départ arrêté puisque le portier contrôle mon identité avant de me laisse passer. Il me faudra pousser une partie, c’est trop raide, en avançant je me rends compte du standing du lieu, c’est classe y a rien à dire. 

Elaine m’accueille chaleureusement et m’installe à sa table pour le déjeuner qu’elle a déjà pris avec ses deux petites filles Bruna et Bella. Nous passons l’après midi tous ensemble, découverte rapide et motorisée de Garopaba, la partie historique et la vue sur les dunes de Siriu , puis petit tour par le centre commercial où les enfants s’éclatent en patins à roulettes pendant que Elaine fait quelques courses. 

Aujourd’hui retraitée, elle a travaillé plus de 40 ans dans le domaine de la mode, avait plusieurs magasins au Brésil, en Uruguay et avait apparement une émission de mode. Sa maison est charmante, de grandes baies vitrées la rende lumineuse et l’espace de vie cuisine, salon, salle à manger, tout en un, est agréablement aéré. La maison se trouve sur le terrain familiale où deux de ses fils ont également une demeure. Une maison ne sera pas occupée avant demain soir , je peux m’y poser et occuper la chambre d’ami. Waooo quelle vue! Au sommet d’une colline, sur la terrasse la vue est imprenable sur le lagon de Garopaba et les environ. 

La nuit tombée je redescends voir Elaine, les deux chiens de garde qui étaient tant amicales avec moi ont changé d’attitude et avancent vers moi faisant leur travail de gardien, heureusement alertée par les aboiements Elaine intervient. Elle est entrain de faire de la couture et a un sacrée coup de main, j’apprends quelques trucs au passage pour les prochaines réparations. On passe la soirée à discuter, manger un morceau et à rire de nos diverses aventures qui ont jalonné notre parcours de vie avant que je finisse par retourner vers mes quartiers pour la nuit. 

Au réveil les chiens rôdent déjà autour de ma chambre, je profite de la vue, m’alimente puis les affronte à la descente. Elaine m’a passé un parapluie pour leur faire peur mais ce n’est pas très efficace, heureusement Joao, le fils, apparaît et rappelle les chiens. 

Un café, encore un bon moment en compagnie de l’énergie rayonnante d’Elaine, vérification de la transmission puis je mets en route vers la barra da ferrugem.

Superbe plage de surfeur malgré le temps couvert où je dois passer la rivière avec le vélo sur le dos. Je connais déjà la routine du démontage, passage de rivière et montage des bagages, mais cette fois l’eau va jusqu’aux cuisses, il me faut donc enlever mon pantalon.

De l’autre coté la plage da Barra est splendide, j’ai encore un bout de plage à passer en lutant pour pousser la monture car le sable est trop mou pour pouvoir pédaler. 


À la sortie de la plage je tape la causette avec une famille avant d’emprunter un chemin sablonneux pour me diriger sur la route principale et trouver l’entrée du chemin privé dont les filles m’ont tant vanter la beauté hier lors de notre rencontre. Pour cela je ne dispose que d’une photo d’écran de l’itinéraire gps de la zone sur le smartphone de Letícia. Un peu de logique et d’observation et cela s’avère suffisant, je me retrouve à l’entrée d’une fazenda avec des sculptures dans la prairie en arrière plan. Un chien féroce barre l’accès au dit chemin mais il y a une voiture devant la maison, je décide de tenter ma chance et de signifier ma présence. Au bout de 5 min un homme sort de la maison, je lui explique que deux femmes sont passées il y a deux jours à vélo et qu’elles m’ont parlé de ce lieu splendide que je souhaiterais parcourir avec mon vélo mais que je ne veux pas passer sans l’autorisation du propriétaire. Permission demandée, permission accordée, l’honnêteté paie, il m’indique par où passer pour éviter le chien et me donne les indications nécessaire pour me rendre à la plage do Ouvidor. 

Je me retrouve au milieu de sculptures en bronzes au bord d’un étang où se trouve une sorte d’escalier renversé en fer, peint en rouge qui se reflète dans l’eau. 

Ça commence bien ce chemin, ça enchaîne parties boisées et prairies où se trouvent une multitude d’oiseaux ibis, hérons quero-quero et d’autres encore mais aussi de jeunes buffles qui prennent peur en me voyant arriver à cause du bruit que fait le bike chargé. Je m’arrête et les observent pendant un moment et doucement leur curiosité les fait s’approcher tout près de moi.  

Je reprends ma route jusqu’à une forêt de pins, à la sortie une autre prairie avec des vaches puis de nouveau une partie boisée. Le chemin est à la hauteur de ce qu’on m’avait dit.

Je finis par arriver sur la plage où je rencontre Laiser Martin Junior à côté de son vélo mangeant une mandarine.

Un gars super, ancien journaliste de Porto Alegre qui vit à Praia do Rosa depuis la fin des années 80 et loue pendant la saison. Comme toujours ça cause, ça échange, y a de la belle énergie dans l’air, il finit par me proposer de me montrer les environs de praia do Rosa et de me servir de guide. Évidemment j’accepte, rien de mieux qu’un local pour te montrer les coins cool à découvrir. 

L’après midi s’écoule superbement en bonne compagnie, il me montre un point de vue sur toute la baie de la plage do Rosa, puis m’emmène au bout de la partie sud pour marcher au sommet de la colline et voir la baie suivante, Praia da luz.

Quand il est arrivé il n’y avait qu’une vingtaine de pousada je comprends pourquoi il y en désormais plus de 200, l’endroit est magnifique mais en pleine saison ce doit être insupportable.

Passage à l’hostel pour payer la dette et finalement Laiser m’invite à rester pour la nuit dans une de ces maisons à louer où on décide de se faire un bon barbecue à la mode gaúcho, de grandes brochettes à déguster sur une grande plaque de bois, accompagné d’un risotto au légumes.

Il m’initie à quelques expressions typiques du sud et on passe la soirée à bavarder sur tous les thèmes qui nous passent par la tête. Le matin je lui prépare un classique tapioca banane et confiture de lait avec un bon café et on continue nos belles discussions.

Je quitte mon ami Laiser🙏🏽🙏🏽😃 et reprends ma route en milieu de matinée vers le phare de Santa Marta où je dois me trouver dans deux jours 

Il m’a indiqué un chemin passant par la barra do Ibiraquera mais cette fois la marée est basse et je passe en pédalant puis suis une route entre l’océan et les dunes dont le sable dévore des portions de routes à cause du vent. Je garde un œil vers l’océan car la saison des baleines Franca a commencé mais rien pour le moment malgré les nombreux miradors qui jalonnent le parcours du jour.

À Imbituba un port industriel et un miradors à baleine, vu le trafic des cargos ce ne doit pas être un super spot d’observation. Deux vautours s’amusent dans le vent.

Après le déjeuner retour sur la BR-101. 

En fin d’après-midi j’arrive à Laguna et m’arrête à l’office du tourisme où je papote avec la jeune fille qui y travaille, elle m’apprend que je peux observer des dauphins boto depuis le bord de l’eau et que fait quasi unique (on retrouve ce phénomène dans un endroit en Afrique) les dauphins et les pêcheurs travaillent ensemble pour attraper le poisson. De fait les dauphins poussent les poissons dans le canal où attendent les pêcheurs et lorsque ceux-ci jettent leurs filets les poissons se retrouvent prient au piège. Point d’échappatoire, ceux qui échappent aux filets se retournent vers les dauphins qui en profitent pour se régaler. 

C’est décidé je vais rester là pour la nuit. 

Direction la plage do Mar Grosso, en passant par la source thermale de la ville pour faire le plein des bidons. 

La plage porte bien son nom, le vent est fort, la mer agitée, en arrivant au bout de la plage, je vois quelques pêcheurs dans le canal mais point de dauphin. Le soleil va bientôt se couche, la lumière est belle, je décide d’aller au bout du canal pour profiter des derniers rayons, sur la langue de terre les vagues se fracassent sur la jetée et giclent sur le chemin, l’une d’elles m’atteint soudainement en plein visage pendant que je filme, suis mort de rire.

Au bout de la jetée qui donne sur le large, ça secoue encore plus, seul un pêcheur avec sa canne et un couple bravent les éléments. Dans les remous des vagues, des dauphins !🐬 😃

C’est là que je rencontre Marco et Alexandra qui voyagent jusqu’à Ushuaia avec un mobile home fait maison et qui travaillent dans la publicité durant leur périple. On échange nos contacts et immortalise le moment par une vidéo souvenir. 

Le soleil s’est couché il est temps de retourner vers la ville, l’obscurité s’installe et je ne sais toujours pas où je vais passer la nuit. 

Devant moi un homme pédale lorsque je le dépasse il lance la conversation et très vite m’invite à passer la nuit chez lui avec la famille. 

Alexandre a reçu il y a quelques temps un couple de cyclistes Mexicain, ça le ferait kiffer d’avoir cette fois-ci un français.

J’accepte, décidément en ce moment les bons plans d’hébergement s’enchaînent 😃

Ce gaúcho sympathique et bien en chair me reçoit super bien, me présente à toute la famille et à son pote Jorge qui prête un matelas pour la nuit. On passe la soirée à discuter et boire du chimarrão, Alexandre prépare des hot-dogs et Jorge diffuse son savoir, il connaît très bien les environs ainsi que l’histoire de la ville.

Les gens simples et sans chichi sous souvent les plus sympas, ils t’ouvrent grand leur porte, t’invite à leur table le cœur sur la main et te transmettre une belle leçon d’humilité et d’humanité. 

Après une bonne nuit de sommeil dans le garage, matinée en compagnie d’Alexandre à boire le Chimarrão et à discuter avec un voisin. Sa sœur prépare de la Tainha pour le déjeuner puis je salue la famille et il m’emmène à la radio Difusora pour une interview en direct. 

Après cette belle expérience radio phonique nous nous rendons au ferry où je salue mon hôte généreux.

Dans 20km je serai à Santa Marta où je dois rencontrer Mônica, les douze prochains jours se feront en voiture.

En arrivant de l’autre côté je pédale le long du lagon en compagnie de hérons et de Martin pêcheurs, les nuages et la végétation se reflètent dans l’eau, le paysage a bien changé depuis Imbituba, les collines verdoyantes se sont aplanies pour laisser place à quelques pâturages et des dunes

Je passe les 6000km et le phare pointe déjà à l’horizon.