Ce matin le soleil brille de mille feux, le ciel est bleu, une belle journée se présente à nous bien que nos vivres soient plus que limités, fruits secs et oranges pour le petit déjeuner et les restes du diner pour le déjeuner avec une barre de chocolat pour deux. Autant dire que ce serait mieux d'arriver à El Mollar.

pendant que nous remballons nos affaires et faisons sécher la tente, cinq randonneurs traversent la rivière, la leader tape la causette et me tire quelques infos utiles sur la suite du parcours.

La journée cyclopède commence les pieds dans l'eau, froide, évidemment, la rivière "Los Reales" a perdu en puissance à mesure de notre élévation mais ça reste un torrent de montagne. Sur l'autre berge, on en chie direct, c'est abrupte, aréneux et rocailleux , on s'y prend déjà à deux pour hisser nos montures en haut de ce premier raidillon. Cette partie a beau être ombragée, nous haletons et transpirons déjà comme des bêtes, heureusement une fois arrivée dur le plateau ascendant il est possible de pédaler jusqu'à la descente qui nous ramène dans le lit de la rivière, deuxième traverser en vue.

Mes freins sont toujours en mauvais état, du coup, la descente rocailleuse se fait les pieds à terre en retenant le vélo. Que d'efforts pourraient être évités avec une autre monture. Chaque fois je ne peux m'empêcher de penser au changement inévitable de cycle qui se profile.

A chaque fois que la rivière approche, elle amène son épreuve de force, berge sablonneuse, zones rocailleuses, impossible de pédaler.

Malgré l'eau froide l'envie nous prend de se baigner afin de se débarrasser de la crasse accumulée ces derniers jours. Nous nous ravisons en pensant à la chambre, le bon lit douillet et la douche chaude qui nous attend si nous bouclons l'étape du jour.

En avant, traversons et poursuivons. Nous longeons la berge pendant quelques centaines de mètres avant de retraverser la rivière.

Encore une phase ascendante, la jungle humide est déjà derrière nous, une étrange séduction de paysage de prairie miné d'obstacles minérales enchante notre progression . L'élévation est aujourd'hui plus forte que les jours précédents, après un autre kilomètre il faut redescendre dans le lit de la rivière, ce sera le lieux de la coupure déjeuner une fois la traversée effectuée. Il est déjà 14h, après la réfection il faut enchainer, nos vivres sont épuisés et l'étape est loin d'être terminée.

Rassasiés à moitié, les jarrets éreintés, usés par les séances de pousse pousse récurantes de ces derniers jours, nous remettons le couvert et ça recommence dans le dur pour changer, plus de 40 minutes d'un champ de pierres abruptes.

Cette fois nous quittons vraiment le lit de la rivière et ne le reverrons plus.

En haut du raidillons imbuvable commence les prairies. Equidés et bovins sont moins craintifs, on se rapproche de la civilisation, ils paraissent beaucoup plus habitués à la présence des humanoïdes.

Enfin, nous pouvons pédaler sur certaines portions lorsque la pente n'est pas trop raide.

Certes nous nous éloignons de la rivière Los Reales mais il reste tout de même des ruisseaux à traverser, des raidillons à avaler, de belles portions à basculer, pivoter, hisser, pousser, faire avancer nos montures par quelque moyen que ce soit.

Au sommet d'une portion bien raide, rencontre inopiné avec quelques gauchos qui nous rapporte qu'un refuge nommé "la garderie" se situe plus loin dans la prairie, un endroit qui rassemble des centaines de moutons. Au fond de cette prairie un chemin nous mènera à la route.

Il nous reste tout de même à passer la dernière rivière parsemée d'embuches bien évidemment. Séance pousse pousse pour changer ... :-)

Et puis derrière vient la prairie où les bêlements raisonnent de tous les côtés, des moutons, des brebis autour de nous par centaines. C'est la période de mettre bas il y a des agneaux partout.

Nous avançons au milieu du troupeau quand soudain une brebis met bas juste devant nous, on s'arrête pour l'observer nettoyer sa créature alors qu'elle a encore sa poche de plasma accrochée à son arrière train. Elle nous examine d'abord pour savoir si nous sommes une menace potentielle puis se relâche et continue à s'occuper de son petit qui débute sa première lutte dans la vie afin de se hisser sur ses quatre pattes.

Le chemin qui mène à la route n'est plus très loin, en théorie selon le gps, mais c'est loin d'être évident, une centaine de mètres de dénivelé peuvent se révéler vraiment difficile à parcourir surtout quand la pente devient très forte et qu'il n'y a aucun sentier.

Silvina voulait s'arrêter au refuge , je l'ai persuadé du contraire , certes nous sommes cuit mais tout est dans le tête comme durant les grandes étapes de montagne. Cette dernière portion nous coûte énormément, c'est déjà la fin de l'aprèm et toujours pas de route, on continue à s'élever dans la vallée.

On est cuit mais heureusement le chemin arrive enfin, il nous reste néanmoins plus de 17 kilomètres à parcourir dont plus de la moitié en grimpette. Heureusement, après les étapes qu'on vient de passer, une ascension en pédalant c'est de la rigolade, alors on profite du coucher de soleil qui pose ses tons orangés sur les sommets pendant que nous terminons l'ascension.

Au crépuscule nous sommes sur les hauteurs de Potrerillos, retour vers la civilisation, nous la touchons du doigts lorsque le voile obscure commence à recouvrir le paysage.

Reste encore un peu moins de 10 km mais essentiellement en descente, ce qui n'est pas trop évident vu l'état de mes freins. À fond sur les manettes der freins et ça continue de dévaler la route de gravier.

En arrivant au village d'El Mollar, il est déjà quasi 21h, 26km parcourues et 815m de dénivelé positif , il fait nuit noir et ça caille, ce soir c'est décidé une bonne piaule avec un bon lit douillet feront le plus grand bien.

Le proprio ne veut pas louer car il n'y a pas de chauffage dans la chambre, il ne se doute pas des conditions que nous avons subi durant les derniers jours. Le matelas est superbement confortable et ferme, l'eau de la douche chaude, le paradis ...

Pendant que le bruleur du ballon d'eau chaude se met au travail pour nous fournir une eau délicieusement chaude, nous profitons pour aller manger un morceau, histoire de se réchauffer et de s'envoyer une bonne bière.

Au retour, le plaisir de se prélasser sous le flux exquis d'une douche bien chaude nous sert de prélude à une nuit de repos bien méritée afin de se requinquer dans un plumard confortable à souhait.

Finalement on ne regrette pas avoir puisé dans nos réserves pour arriver jusqu'au village.

Quelle belle aventures, la jungle des Yungas est d'une beauté incroyable.

Autre bilan : c'est décidé, il faut que je change de bike . Chères lectrices, chers lecteurs, je réitère donc mon appel à l'aide ... Aidez moi à changer de bike !!!