Réveil 8h lorsque Ulysse entre dans le réfectoire pour préparer le petit-déjeuner de ses clients. Trop facile se préparer à l'abri, ça fait plaisir après la journée éprouvante de la veille. Après avoir bénéficié de la douceur des installations de l'ancienne école, immortaliser les lieux sur pellicule numérique, il est temps de commencer à faire tourner les roues de nos montures. Pas très longtemps, il faut déjà traverser la rivière, passer par la maison abandonnée, puis sortir de la ravine, en poussant évidemment, pour atteindre les pâturages de l'autre côté.

Il est préférable de pédaler dans la prairie, les traces de terre creusés par les animaux et les randonneurs sont des pièges dangereux. La paysage s'illumine avec l'arrivée d'une jeune fille qui mène son troupeau de moutons d'un bout de la valle à l'autre. Petite séance pédalage et l'épreuve de force recommence, le sol rocailleux et les traces permettent uniquement d'avancer en poussant, hissant nos montures de quelque forme que ce soit, slalomant entre les pierres qui bloquent les roues. Dans les moments les plus durs on s'y met a deux, la progression est lente, à peine plus de 1km/h, ça avance doucement mais sûrement, photos et prises vidéos sont de la partie pour imortaliser ce parcours du combattant. Marcher dans un sentier de montagne est une chose mais s'y mettre avec un vélo chargé en est une autre, heureusement la sensation de paix, le silence des montagnes, les somptueux paysages nous rappellent le pourquoi de cette expédition. De temps en temps apparaissent des gauchos sur leur monture, c'est le moment de taper un peu la causette avec les gens du cru.

Pause déjeuner, posé dans les sillons creusés par le va et vient quotidiens des herbivores et des humanoïdes de la région, exploration de la suite sans charge, ça promet, ça continue de monter dans les mêmes conditions rocailleuses, c'est pas aujourd'hui qu'on va pédaler, alors on prend notre mal en patience et endurons les épreuves de force dans le maximum de bonne humeur. Une dizaine de condors surgissent au-dessus des crêtes, planant majestueusement dans le vent, ils nous rechargent en énergie.

Et puis soudain nous arrivons sur les hauteurs, à 2730m d'altitude se trouve le mirador Devisadero.

”Allez, encore un effort on y est presque, bientôt la descente ...

Euh , non merci on va rester là pour la nuit, il y a une source d'eau potable à proximité, la vue est imprenable sur les deux vallées, profitons du paysage et de la mer de nuages. Doucement ils engloutirons les versants, on dinera dans la brume, le brouillard sera épais jusqu'à ne plus y voir à deux mètres, heureusement calé au coin du feu que nous aurons savamment préparé.

Et puis à 1h du mat' le ciel s'ouvrira et la voie lactée brillera de mille feux. À l'aube les sabots des chevaux montés par les gauchos nous réveillerons, nous profiterons du lever de soleil, d'un petit-déjeuner au goût si spécial, au chaud dans la tente, avec vue sur les heures dorés de cette belle matinée. Allez encore un effort, une journée de descente, ce soir nous dormirons à Anfama dans la jungle de Las Yungas...