Après quelques semaines de pérégrinations entre Aluminé, le lac Aluminé, Pulmary, Ruca Choroi, Villa Pehuenia, Moquehue, Ñorquinco, le lac Polcahué il fut grand temp de trouver un point de chute, histoire de reposer le corps et l’esprit. Ne pas avoir à monter et démonter la tente tous les jours et un véritable luxe.


Une dizaine de jour avant de revenir à Villa Pehuenia j’avais rencontré Nando, le Cap’tain de cette session de la communauté arc-en ciel qui m’avait invité à me joindre à la troupe installée entre les deux nouvelles lunes, sur la terre d’un local de descendance mapuche. Rien de plus normal au final puisque les communautés indigènes ont en général un lien bien plus fort avec la pacha mama que l’occidental de base.


Le mouvement « rainbow »pris naissance sur les cendre de Woodstock , il a pour but de promouvoir la connexion entre les êtres, le respect de la terre, un message d’amour et de non violence, sans consommation ni de viande, ni d’alcool.

Une communauté hippie dont j’avais déjà entendu parlé mais dont jamais auparavant je n’avais fait parti.


On y rencontre évidemment des personnages hauts en couleurs, excentrique à souhait, des êtres libres, des voyageurs adeptes de modes de vie alternatifs, une grande famille où tous se prennent dans les bras pour se saluer, s’appellent « frère » , « soeur », un groupe de gens décomplexées, pratiquant le nudisme quand l’envie leur prend, jouant de la musique au bord du feu sacré , invoquant la terre, les esprit et les anges en se prenant la main dans la ronde de bénédiction de la nourriture.


Y participe qui veut, habillé ou dénudé, le cercle humain partage de nombreux chants et chansons et finit systématiquement par un "om" invoqué à l’unisson, parfois dissonant, parfois harmonieux, signal que la nourriture est béni qu'il est temps de manger.

Ça sonne presque un peu comme une secte vu comme ça, mais aux final chacun fait comme il l’entend.


C’est un peu le principe, toutes les tâches sont partagées, celui qui entend une demande d’aide criée à tue tête, la prolonge et qui est disposé à aider se rend sur les lieux pour donner un coup de main.


Ça marche plutôt bien. trois appel «A Comer » (on mange), le premier dès que quelqu’un commence à cuisiner, le deuxième lorsque la bouffe et avancée, ces deux appels sont pour motiver quiconque veut aider. Puis vient le troisième appel « a comer ahora » (on mage maintenant) prolongé par des voix de toutes parts il invite se rendre au feu sacré pour chanter puis partager la réfection.

A la fin du repas une chanson accompagne la tournée du chapeau magique, à votre bon coeur monsieur dames, un petit billet ou un bisous feront l'affaire. Ainsi vient un peu d'argent pour les prochaines emplettes.


La cuisine est sous un arbre, une bâche protège du soleil et de la pluie, des étagères ont été improvisées avec des cageots récupérés, évidemment au centre un lieux est réservé pour le feu. Un peu plus loin un endroit pour le composte qui n'a pas trop le temps de transformer puisque les vaches de la zone viennent se délecter de cette source de fraiches verdures.

Jongleur, cracheurs de feu, travailleurs communs, vagabonds, chants, guitare, percussions, flûtes s'entremêlent dans le sablier du temps qui s'écoule paisiblement. Différent ateliers sont proposés en fin de journée, des cercles de discussions sont également organisés pour débattre de thèmes diverses ou pour soumettre une idée au groupe . Un morceau de bois circule de main en main, celui qui le tient dispose de son temps de parole pour donner son point de vue.

La soirée est toujours en musique autour du feu sacré.

La liberté sexuelle est de mise également, des échanges, trio amoureux s'organisent mais de manière plutôt discrète.

Personnellement c'est aussi un moment où nous nous rapprochons avec Marian, la compagne de voyage depuis deux mois maintenant et partageons une expérience sensuelle avec Mailen, une jeune argentine avide d'expérimentation et de découvertes.

A mesure que le temps passe l'énergie change avec le départ de certains et les nouveaux arrivants.

Un autre moyen de financer les aliments et de se rendre au bled pour jouer de la musique ou présenter un petit spectacle et faire tourner le chapeau. Je me retrouve à jouer des thèmes nationaux avec Javi et Pablito, deux excellents guitaristes, en moins d'une heure nous finançons le matériel nécessaire à la soirée pizza.

Au final quinze jours de communauté avec une ouverture émotionnel et démonstration de gestes d'amour universel auront été une expérience plutôt sympathique et positive qui auront permis de rencontrer d'autres frangins et frangines disséminés à droite, à gauche en Argentine. D'autres rencontres sont prévus dans les mois qui viennent, certains sur ma route alors qui sait s'il n'y aura pas une seconde fois.